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mardi, mars 25, 2025
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La destruction de L’UPC : Tendances et Querelles

L’UPC a un long chemin derrière lui. De sa création (1948) à son interdiction (1955), jusqu’au retour à la légalité (1991), le parti de Ruben Um Nyobe souffre de querelles intestines et se voit se battre pour sa propre survie.

Des tendances qui remontent à 1991

Après la dissolution de l’UPC le 13 juillet 1955, le parti dont les leaders seront exilés va fonctionner dans la clandestinité. Portant les espoirs de milliers de Camerounais en ce temps, cette année va marquer un tournant dans ses habitudes politiques.

La violence, jusque-là peu appréciée, sera désormais considérée comme le seul recours. Ceci qui va déclencher une confrontation sanglante avec l’administration coloniale française.

Il s’en suit empoisonnement, arrestation, intimidations judiciaires et fausses accusations, qui vont rythmer la traque des leaders exilés. Félix-Roland MOUMIE, OSENDE AFANA, Ernest OUANDIE, tombent tous les uns après les autres.

De la gauche vers la droite : E. OUANDIE (UPC) – F. MOUMIE (UPC) – A. KINGUE (UPC)

L’avènement du multipartisme au Cameroun vient ranimer la vie politique du pays. L’Union des Populations du Cameroun revient à la légalité (1991). Ce retour sonne cependant le glas des années de lutte pour laisser place à une période incertaine pour le parti.

Différentes tendances du mouvement sont créées après son renouveau. Celles-ci tiennent des congrès plus ou moins unitaires en 1991,1996 1998, 2002, 2004, et 2007.

En 1997, le candidat du parti, le Professeur Henri HOGBE NLEND, sortira second, derrière Paul Biya, à l’élection présidentielle.

En 2004, la Cour Suprême rejette la candidature officielle du Dr. Samuel MACK KIT, candidat du parti. Le parti se contentera au fil des décennies de postes au parlement et de portefeuilles ministèriels au sein du gouvernement. Il en aura droit jusqu’en 2007.

L’aube du rétablissement ?

 « Cette UPC doit s’organiser, elle doit rebondir, elle doit conquérir. Il s’agit d’une UPC respectueuse de ses propres textes et de la légalité républicaine, d’une UPC pure comme le cristal, d’une UPC dure comme le diamant, d’une UPC concurrente. Cette UPC qui vaincra, c’est elle qui vivra. »

Ces propos de HABIBA ISSA, Présidente en exercice de l’Union des Populations du Cameroun, lors de son allocution à la veille du nouvel an 2020, relève les secousses connues par le parti.

H. ISSA Epse DOUALA MBEDY (UPC)

En effet, l’UPC se factionne à partir de 1992. L’on voit émerger cinq principales factions du nom de leurs leaders. Ainsi nous avons les factions:

  • UPC-NTUZAMAH
  • UPC-KODOCK
  • UPC-HOGBE NLEND
  • UPC « des fidèles »
  • Le MANIDEM

Trois sous-factions, dont la sous-faction UPC-OUANDJI, la sous-faction UPC-BAPOOH qui se réclame investit de l’héritage d’Augustin Frédéric KODOCK, et la sous-faction UPC-Papy NDOUMBE, émergent à leur tour.

La faction Augustin Frédéric KODOCK était décrite comme « modérée », tandis que celle de Ndeh NTUZAMAH était considérée comme « plus radicale ». La faction de Ndeh a boycotté les élections législatives de 1992, tandis que celle autour de KODOCK s’y est présentée.

Ici, le malaise vient du fait de la décision d’Augustin Frédéric KODOCK de ne pas se présenter lui-même comme candidat, mais de donner son appui à Paul BIYA (RDPC) lors des élections présidentielles de cette année-là.

La nature de cette lutte intestine ne facilite pas les actions du parti du crabe noir. Les factions, chacune portées par une idéologie, ne permettent pas au parti de participer à la vie politique du pays.

International Crisis Group dira à cette époque que l’UPC s’est divisée entre « l’opportuniste Augustin KODOCK et Ndeh NTUZAMAH, plus âgé et plus fidèle aux principes du parti ».

A la mort de NTUZUMAH, en janvier 2010, sa famille n’a pas permis au secrétaire Général du parti de s’exprimer à ses funérailles. C’est dans une ambiance conflictuelle que l’un des pères fondateurs a laissé le parti qui aujourd’hui encore recherche toujours son unité.

La tendance KODOCK

La tendance KODOCK est jugée par certains militants du parti en 2012 comme étant « gouvernementale ». Le Ministre KODOCK dirigera cette faction jusqu’à sa mort en 2011. Sa gestion de la faction sera marquée par de nombreuses actions mal appréciées au sein du parti.

A. F. KODOCK (UPC)

En l’occurrence, il lui a été reproché son alliance décomplexée avec Paul BIYA. Une alliance pendant des années au cours desquelles il a occupé plusieurs postes dans les gouvernements successifs de la mandature Biya.

L’ouvrier pour la re-légalisation du parti en 1991 avait été voté Secrétaire Général de l’UPC la même année. Aussi, gardera-t-il une grande influence sur le parti jusqu’en septembre 2007, où il s’est fait retirer son poste de ministre pour avoir, selon des sources, « tourné le dos » à son alliance avec le parti au pouvoir.

La tendance HOGBE NLEND

L’UPC HOGBE NLEND est une faction considérée par beaucoup comme « gouvernementale ». Elle résulterait d’une scission en 2001 avec la faction dirigée par Augustin Frédéric KODOCK et une autre dirigée par Henri HOGBE NLEND.

Pendant la période où la faction KODOCK se serait de plus en plus opposé à Paul BIYA, celle de HOGBE aurait continué à le soutenir. Il aura été candidat malheureux aux élections de 1992 et 1997.

Dr. H. HOGBE NLEND (UPC)

Mais lors des élections législatives de 2002, la faction KODOCK et la faction NLEND sont traités sans distinction, quoique chacun affirmera son indépendance.

Sa candidature rejetée aux élections présidentielles de 2004, il va s’allier à d’autres partis politiques pour présenter un candidat unique contre le candidat du RDPC.

La tendance « des fidèles »

L’UPC « des fidèles », une faction qui se réclame de la posture originelle des pères fondateurs, ne reconnait pas à la tendance KODOCK d’être restée dans la continuité du parti.

Pour les « fidèles », Augustin Frédéric KODOCK, en 1991, n’a fait que créer un nouveau parti à qui le gouvernement camerounais aurait illégitimement donné un statut légal. À ce parti, on aurait abusivement donné le nom d’UPC.

La véritable UPC cependant ne serait jamais « morte ». Elle existerait toujours, et ce, en dehors du cardre corrompu des institutions camerounaises. Telle est, en résumé, la posture des « fidèles ». Personnalités connues de cette faction :

  • Albert MOUTOUNDI (Secrétaire Général)
  • Alexis NDEMA SAME (président)

Jusqu’en 2011, cette faction était présidée par Samuel MACK-KIT dont la candidature aux élections présidentielles de 2004 sera rejetée par le Conseil Constitutionnel.

La tendance MANIDEM

Le MANIDEM (Mouvement Africain pour l’Indépendance et la Nouvelle Démocratie) aurait été, selon une source, « anciennement » une faction de l’UPC. Elle est plus connue sous le nom de l’UPC-MANIDEM.

D. YEBGA (à gauche) et A. EKANE (à droite) se disputent la direction du MANIDEM

Toutefois, cette tendance maintient la tradition radicale de l’UPC sans pour autant être autorisée par la justice à utiliser son nom. Il a eu pour leaders Pierre ABANDA KPAMA et Anicet EKANE qui se présentera aux élections présidentielles de 2011.

L’échec d’une tentative de Rassemblement

On organisera, sans succès, plusieurs tentatives de rassemblement de toutes ces factions. Le 17 Janvier 2012, une rencontre à Yaoundé, en vue de « parachever le processus de rassemblement et d’unification du mouvement » ne réussira pas à porter du fruit.

Henri HOGBE NLEND avait manifesté des efforts pour la réunification. Tel ne fut pas le cas des « fidèles ».

De nouvelles divisions apparaissent au sein de la faction KODOCK à la suite de son décès. Trois sous-factions vont présenter leurs propres listes pour les élections sénatoriales d’Avril 2013.

Aujourd’hui, l’UPC n’a aucun siège à l’Assemblée Nationale. Elle dû perdre les trois sièges qu’elle avait. Selon un média en ligne, l’UPC « a davantage fait parler d’elle dans la rubrique des faits divers plutôt que par la force de ses propositions ou encore par une véritable animation du jeu politique national où elle aspire à jouer les premiers rôles ».

Certains imputent cette perte de prestige du parti à Augustin Frédéric KODOCK à cause de sa présence dans les gouvernements du président BIYA.

Le controversé BAPOOH LIPOT

Leader de la sous-faction BAPOOH, l’honorable BAPOOH LIPOT lui-même, s’illustre aujourd’hui comme porte étendard du parti. Une prétention qui n’est pas du goût de toutes les factions.

Dans une situation d’impasse due à des problèmes internes, le Ministre de l’Administration Territoriale, Paul ATANGA NJI, avait procédé à la nomination d’un « Secrétaire Général », Pierre BALEGUEL NKOT. Ce fut en contestation avec le Secrétaire Général élu, Pierre BAPOOH LIPOT.

R. BAPOOH LIPOT (UPC)

Cette béliqueuse et inutile action du ministre, fustigée par la présidente HABIBA ISSA, fut faite en violation des textes de fonctionnement du parti, qui interdisent notamment l’ingérence du gouvernement dans les affaires internes du parti.

De 2017 au début de l’année 2020, les Secrétaires Généraux contestaient mutuellement les décisions de chacun.

La présidente du parti dans son allocution a relevé que 2019 a été une année noire en partie pour le parti. Sa participation aux élections présidentielles de 2018, et aux élections couplées du 9 février 2020 a été entravée.

Cette entrave serait en partie due à des manœuvres présumément malsaines venant du « Secrétaire Général » qui revendiquerait « l’alliance » avec le parti au pouvoir et la « légalité » au sein de l’UPC.

L’ancien député UPC, BAPOOH, a été par décret présidentiel n° 2020/242 du jeudi 30 Avril 2020 nommé PCA de la Société de Recouvrement de Créances. Une nomination qu’on ne voit pas d’un bon œil au sein du parti.

L’UPC est aujourd’hui en déphasage avec ses idéaux. Une note de la police française datant de 1950 dit qu’«il nous faut bien constater que Um Nyobé et nombre de membres du comité directeur font preuve d’une honnêteté et d’une rigueur morale qui entrent pour une notable part dans leur succès ». 70 ans après, pourrait-on dire la même chose sur les fonctionnaires actuels du parti ?

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