Nathalie Yamb joue-t-elle un double jeu dans ses combats. Depuis quelques jours, la Suisso-camerounaise est mise en cause pour ses propos tenues récemment au sujet de l’affaire Martinez Zogo et du président Paul Biya, épargné dans ses critiques.
13e au classement 2023 des 50 personnalités africaines qui inspirent le plus confiance, selon l’agence Ecofin, Mme Nathalie Yamb est la cible de beaucoup de critiques sur les réseaux sociaux.
Son tort : Des propos tenus dans une vidéo publiée sur ses réseaux sociaux. Une vidéo dans laquelle elle fait une analyse de l’actualité politique dans son pays.
L’horreur de l’assassinat de Martinez Zogo
Accusée d’avoir gardé le silence depuis le meurtre du journaliste Martinez Zogo, Mme Nathalie Yamb s’est finalement prononcée sur le sujet le 15 février dernier. Dans une vidéo publiée sur les réseaux, elle dénonce la multiplication de fausses informations, bien entretenues par « des avatars anonymes ou des ‘kpakpato’ bien planqués à l’étranger ».
Cette situation éloigne, selon elle, les populations de la vérité des faits. Son silence se justiferait donc par le souci de ne pas tomber dans des théories qui bien souvent ne tiendraient pas.
Sur le meurtre, Mme Yamb dénonce la « bestialité qui a caractérisé la mise à mort » du journaliste dont le corps a été laissé à ciel ouvert par les meurtriers. Des meurtriers, sans doute motivés, selon elle, par l’assurance d’une impunité après leur crime.
Des fleurs à Paul Biya
Depuis son ouverture, l’enquête autour de l’assassinat du journaliste semble progresser avec notamment différentes arrestations. Cette progression, est selon Mme Yamb à mettre à l’actif du président Biya dont elle juge nécessaire de saluer « la promptitude » avec laquelle il a ordonné l’enquête.
- Merci de lire 2025 Times. Abonnez-vous à notre newsletter et recevez chaque semaine le meilleur de l’actualité.
Cette rapide réaction du président camerounais apparaîtrait, contre toute attente, comme l’illustration d’une volonté de découvrir la vérité dans cette affaire.
Difficile de comprendre comment celle qui dénonce des dérives dans plusieurs autres pays, entretient un silence au sujet de son pays, qui est dirigé depuis 41 ans par une seule personne.
Mme Nathalie Yamb se dit préoccupée, dans son combat quotidien, par « l’émancipation et la souveraineté des peuples africains. Dans ces combats, mes ennemies sont, la France, ses complices occidentaux et ses laquais africains à la tête de nos Etats et au sein de nos administrations »
Sur ces aspects, difficile de trouver des reproches à Monsieur Paul Biya qui aurait de surcroit fait d’énormes progrès en la matière en réduisant de façon significative les intérêts militaires et économiques de la France au Cameroun.
« Dans ce cadre là, Paul Biya n’est plus au premier rang. Il a compris avec la crise de Bakassi qu’il n’y avait rien à attendre de paris et a enterré ses ambitions d’être le meilleur élève de l’Elisée » a-t-elle martelé dans sa vidéo.
Pas Paul Biya, mais plutôt son entourage
Pour Mme Nathalie Yamb, le seul reproche que l’on peut avoir à l’endroit de Monsieur Paul Biya, ce serait son entourage. Un entourage du président qui se bat aujourd’hui pour sa succession et qui fait craindre au Cameroun, des lendemains peu reluisants. Car tous ces clans auraient pour point commun : « Être les obligés pour quelqu’un en France ».
Il urgerait alors de mettre de l’ordre autour de Monsieur Biya. Car l’héritage de ce dernier resterait « catastrophique ». Le tableau serait noir sur le plan social. Avec une pauvreté criarde de la population, « à l’exception de la minorité corrompue qui gère le pays ».
Vague de réactions
Prompte à se prononcer sur la conduite des affaires dans d’autres pays africains, mais lente et surtout moins virulente au sujet du Cameroun, Mme Nathalie Yamb reçoit depuis un moment de sévères critiques relatives à son rapport avec l’actualité de son pays.
Cette sortie se révèle comme une réponse. Une réponse qui a suscité de vives réactions d’activistes qui lui reprochent d’instrumentaliser désormais la mort de Monsieur Zogo à son avantage.
« Ce n’est pas la magnanimité de Paul Biya qui a ouvert le dossier. Même s’il a instruit une enquête sur Martinez Zogo. Et surtout, Paul Biya n’a jamais tourné dos à la France. C’est une hérésie analytique qu’il ne faut pas diffuser. Il ne faut pas la propager nul part parce qu’elle n’est pas vraie » a réagi l’activiste camerounais, Monsieur Wilfried Ekanga.
Dans le même sens, l’activiste et militant du MRC, Monsieur Bertrand Sikadi fait part de sa désapprobation et crie au scandale.
« Elle entre dans cette manipulation pour faire croire aux gens que Biya est tellement fort qu’il a retiré le ‘gombo’ dans la bouche des français. Nous ne tombons pas dans ce genre de manipulation. Si Biya est là, c’est juste parce que la France le soutien encore. »
Lire aussi : Passeport bloqué ? La colère de Bertrand Sikadi
L’activiste très connue se faisant appeller Sandy Boston, crie également à la manipulation. Elle accuse Mme Yamb de rouler pour le le président Biya. La partie de la déclaration de la Suisso-Camerounaise, qui pointe un doigt accusateur sur Martinez Zogo la consterne particulièrement :
« Elle fait une sortie de 17 minutes, sur les 17 minutes elle parle de l’affaire Martinez Zogo pendant 6 minutes. Le reste des 11 minutes, elle parle de Paul Biya. Même dans les 6 minutes qu’elle accorde à Martinez Zogo, elle réussi l’exploit non seulement de salir l’image de Martinez, mais aussi de l’accuser d’être un journaliste corrompu qui recevait des enveloppes d’un camp ou de l’autre » dénonce-t-elle.
