Succès Masra alerte la communauté internationale sur la situation au Tchad. Plus de 2 mois après avoir quitté son pays, le président du parti politique tchadien « Les Transformateurs » veut le départ du président de transition, qu’il accuse de vouloir s’éterniser au pouvoir.
Arrivé au pouvoir en avril 2021 à la suite du décès de son père, Idriss Déby Itno, Mahamat Idriss Déby a-t-il pris goût au pouvoir ? Succès Masra, le principal opposant tchadien, en est convaincu.
Dans un entretien accordé à la Voix de l’Amérique, Masra indique clairement que l’actuel président du « Conseil militaire de Transition » n’a plus l’intention de partir.
« J’ai moi-même eu 8 fois des rencontres avec le chef de la junte. Pourquoi nous ne nous sommes pas entendus ? Parce qu’il dit clairement que peu importe les résultats des élections futures, il est là pour minimum deux mandats de 6 ans. C’est à prendre où à laisser » déclare Masra
La première preuve, selon lui, reste l’annonce de la prolongation de la transition pour deux ans, à l’expiration du premier délai de 18 mois.
La répression du 20 octobre
Le 20 octobre 2022, cette annonce de prolongation de la transition a poussé les partisans de l’opposition à sortir dans les rues de N’Djamena et dans plusieurs autres villes. Les manifestants qui réclamaient un transfert du pouvoir aux civils, ont été réprimés par les forces de l’ordre. Bilan : au moins 50 morts, des centaines de blessés et plusieurs arrestations.
Le 23 janvier 2023, Human Rights Watch a rendu public un rapport inédit sur les évènements du 20 octobre 2022. Un document accablant pour les autorités tchadiennes. L’organisation demande à la communauté internationale d’apporter une réponse forte à la répression.
Pour Succès Masra, la situation est grave. Après son départ forcé du pays dans la foulée de cette répression, l’opposant veut poursuivre le combat depuis les Etats-Unis où il séjourne.
Face à cette répression sanglante, il indique vouloir porter la voix du peuple tchadien et de la situation politique de son pays à l’extérieur, notamment au niveau des Nations Unies.
La CPI saisie, la France interpellée
Le 9 novembre 2022, Succès Masra a ainsi saisi la Cour Pénale internationale. « Tout a été bien documenté ». Cette décision découle d’un constat établit par l’économiste.
- L’échec d’un dialogue direct avec ces autorités de la junte
- L’incapacité de l’Union Africaine dans sa capacité à trancher sur la question tchadienne
- La partialité de la Communauté Economique des Etats d’Afrique centrale, qui ont décidé d’accompagner la junte malgré le non respect de ses engagements
La France, partenaire habituel du Tchad, doit, selon Masra, peser de tout son poids pour un retour à la normal.
« Pays de démocratie, mon peuple leur demande aujourd’hui de choisir entre la dynastie clanique armée qui massacre, et la démocratie… La France n’est pas encore audible… Nous disons clairement à la France d’être claire la dessus… La crédibilité de la parole de la France est en train de s’enterrer au Tchad. Si la France veut être encore audible au niveau panafricain, c’est sur le dossier Tchadien qu’elle sera jugée »
Vers une partition du pays ?
Pour sortir le Tchad de la situation actuelle et assurer un retour de la démocratie, Masra estime qu’un accord post-crise serait l’idéal.
En cas de difficultés dans ce sens, le leader du parti « Les Transformateurs » n’hésite pas à explorer la piste d’une résolution à l’amiable avec la possibilité d’une partition du pays selon le modèle soudanais.
Sur la crise au Tchad: l'UA a échoué et la CEEAC qui est un échelon inférieur a montré sa partialité. Il ne reste donc que l'ONU @ONU_fr qui doit soit trouver un accord onusien post-crise de fin du plan #dynastique ou consacrer une #rupture à l'amiable Démocratie Vs Dynastie: pic.twitter.com/gsKZ825qDW
— Succès MASRA 🇹🇩 (@Succes_MASRA) January 31, 2023
« Aujourd’hui nous sommes arrivés à une rupture. Dans la réalité il y a deux Tchad… Il y a un peuple tchadien en majorité, qui veut la démocratie. Nous en appelons à l’ONU pour arriver à trancher » a indiqué l’opposant dans la vidéo de son interview à la VOA, publiée par le média, et qui a été retirée après de la plateforme youtube.
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