« Patriotes des réseaux sociaux », la solution ou le problème ? Face à la dépravation des mœurs sur la toile, les autorités camerounaises lancent la mobilisation de « 1000 e- volontaires ». A coté de ses attributions, ce groupe ne sera-t-il pas à la solde du pouvoir ?
Les réseaux sociaux sont ces derniers temps, un moyen rapide pour régler les comptes, et la tendance reste inquiétante. Le recrutement des « Patriotes des réseaux sociaux » lancé par le ministère de la Jeunesse et de l’Éducation civique (Minjec) le 16 janvier, sonne comme une réponse à une tendance négative sur la toile.
Participer en ligne à l’adoption des bons comportements, des bonnes attitudes, et à la promotion du vivre ensemble harmonieux, ce sont les missions qui seront assignées à ces acteurs.
De réels phénomènes de société
Bien visible dans les rues camerounaises, la dépravation des mœurs a aussi conquis la toile. Il n’est pas rare aujourd’hui d’assister à de violentes invectives sur les réseaux sociaux. On va parfois jusque dans la vie privée.
La tendance est inquiétante. Une réaction urgente reste inéluctable. Le gouvernement charge les « patriotes des réseaux sociaux » d’une lourde mission qui restera loin d’être accomplie par 1000 comptes.
La Cybercriminalité, l’autre phénomène
Outre la lutte contre les discours haineux et les fake news, ce groupe sera appelé à contribuer à la lutte contre la cybercriminalité, le cyber-harcèlement et la cyber-prostitution.
Selon l’Agence nationale des technologies de l’information et de la communication (ANTIC), la cybercriminalité a causé des pertes financières de 12,2 milliards de FCFA à l’économie camerounaise en 2021. Ce chiffre représente le double des pertes signalées par l’ANTIC pour le compte de l’année 2019.
Les pertes financières dues aux intrusions dans les systèmes informatiques des administrations publiques et privées se chiffraient à 2,5 milliards de FCFA en 2021.
Les pertes financières dues au « scamming » (email dont l’objectif est d’abuser de la confiance du destinataire pour obtenir de l’argent) et au « phishing » (technique utilisée par des fraudeurs pour obtenir des renseignements personnels dans le but de perpétrer une usurpation d’identité) s’établissaient à 6 milliards de FCFA.
A la solde du pouvoir ?
Dans son casting, le ministère veut des personnes influentes sur la toile. « Avoir des sites ou des profils sur internet et les réseaux sociaux avec un minimum de 1 000 followers, partages, likes et vues », comme le stipule l’appel à candidature. Mais ces personnes influentes, ne seront-ils pas à la solde du pouvoir ?
Si tout le monde s’accorde à dire que ces phénomènes ont une tendance négative et qu’il faudrait apporter des réponses fortes, des interrogations se trouvent bien évidemment derrière les limites des attributions de ces « 1 000 e-volontaires ».
Sous la casquette de « patriotes des réseaux sociaux », seront-ils capables de relever les difficultés quotidiennes des populations, les sources de ces différents phénomènes de sociétés ou les challenges à relever par les autorités ?
Sur la toile, certains estiment qu’il ne s’agit que de « Cyber-soldats », prêts à réagir à la moindre critique contre le gouvernement.
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